mardi 17 novembre 2009

Modibo Diarra veut «former 45 millions d'Africains aux nouvelles technologies d'ici à 2010»

Après une prestigieuse carrière aux Etats-Unis, le président de Microsoft Afrique Cheikh Modibo Diarra, est revenu sur le continent pour mettre en place des mécanismes de développement solides. Récemment sollicité comme conseiller aux côtés du président gabonais, Ali Bongo, il explique dans une interview accordée à Sud Ouest les piliers de son action pour le continent, et les conditions favorables que présentent notamment le Gabon pour la promotion d'un développement fiable et durable.

De la NASA, où vous fûtes le premier Africain « navigateur interplanétaire », à la présidence de Microsoft Afrique, vous effectuez un parcours de citoyen du monde. Où est votre point fixe ?

« Chez moi, au Mali. Mes bureaux sont à Johannesburg, avec des antennes dans plusieurs capitales africaines. Mais c'est à Bamako que j'ai installé ma famille et que je suis revenu après mon séjour en Amérique pour cultiver mon champ, tester des semences, des méthodes d'irrigation, et réfléchir à la question de l'autosuffisance alimentaire.

C'est une clé du développement ?

Bien sûr. Le Mali doit pouvoir nourrir ses 13 millions d'habitants, dont les deux tiers ont moins de 30 ans. Il le peut : nous avons 1 million d'hectares irrigables. L'amélioration des cultures repose sur la formation des cultivateurs mais, plus largement, l'éducation est la clé de tout. C'est le coeur de mon action pour le Mali et pour le continent.

Vous le faites pour Microsoft ?

La société que je préside a le projet de former 45 millions d'Africains aux nouvelles technologies d'ici à 2010. Mais ce dont je vous parle est mon action de citoyen. Dans l'éducation, elle comprend une fondation pour la promotion d'une élite féminine scientifique africaine, déjà présente dans 14 pays. J'œuvre aussi pour développer les bonnes pratiques professionnelles via des formations « hors les murs ». Et je subventionne des prêts bancaires à des associations de femmes maliennes qui prennent leur destin et celui de leurs familles en main. Ce point est capital, car je crois que les femmes jouent un rôle capital dans un développement véritable ancré sur le retour aux valeurs.

Que voulez-vous dire ?

Je milite pour une nouvelle génération de Maliens qui retrouveraient leurs repères culturels mis à mal par la crise et la globalisation : travail bien fait, honnêteté, solidarité entre générations, créativité... L'essor du pays est à ce prix.

L'image du Mali comme pays démocratique est plutôt favorable...

Oui, la perception du pays est bonne. Mais que disent les Maliens ? Ils parlent de gens mal formés, de corruption, de jeunes sans avenir d'emploi. Ils disent : « Le pays est en paix mais nous pourrions faire bien mieux».

Le nouveau président du Gabon sollicite vos conseils...

En effet, j'ai rencontré Ali Bongo Ondimba à sa prestation de serment et j'ai appris qu'il me voulait comme conseiller. Peu peuplé, doté de ressources, le Gabon peut être une vitrine d'un développement basé non pas sur le poison de l'aide internationale classique, mais sur des mécanismes économiques simples et la mobilisation de ceux que j'appelle « les soldats de l'armée du développement » en Afrique et partout ailleurs, comme chez vous, à Bordeaux.

On dit que vous briguerez la présidence du Mali en 2012...

On m'a déjà prêté cette intention en 2002 et 2007, c'est très flatteur. Si, le moment venu, un courant me pousse à me présenter, il sera difficile de me dérober mais il est trop tôt pour en parler. Et la fonction suprême n'est pas tout : mon ambition est de convaincre chaque citoyen malien qu'il peut changer le cours des choses là où il se trouve.

Source : SudOuest.com - Auteur : Gaboneco

Photo : © D.R. Le président de Microsoft Afrique, Cheikh Modibo Diarra, conseiller du chef de l'Etat gabonais

1 commentaire:

  1. cette interview a été réalisée par le quotidien régional français "Sud-Ouest" et non par "Gaboneco".Sans rancune, merci

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