samedi 24 octobre 2009

Les milles maux de la fibre optique au Cameroun

Depuis lundi 12 octobre 2009, les usagers des régions du Littoral, du Centre, du Sud, de l’Est et des trois régions septentrionales du Cameroun ont toutes les difficultés du monde à accéder aux services internet. En effet, et selon les responsables de l’opérateur historique des télécommunications au Cameroun (Camtel), et de Cotco, la fibre optique qui permet d’accéder à ce service, a été coupée dans la forêt de Bipindi, dans la région du Sud. Selon un communiqué de Cotco parvenu à notre rédaction hier mercredi 14 octobre, c’est l’éboulement d’une colline située non loin de l’emprise foncière du pipeline Tchad/Cameroun au lieu dit Mbikiliki qui est la cause de cet incident.

Au mois de mai 2009, le Cameroun avait déjà été déconnecté de la grande Toile. Même si les responsables de la Camtel justifiaient cette situation par « d’importants travaux sur son réseau dans le but d’augmenter sa capacité de production », une opinion répandue imputait cette déconnexion à un incident survenu sur un terminal de la fibre optique à Bonaberi, causé par Camwater dans le cadre de ses travaux. En novembre 2007 aussi, une défaillance technique du câble sous marin Sat3 survenue au point d’atterrissage de la fibre optique en haute mer à une quarantaine de kilomètres de Douala privait le Cameroun sept jours durant d’Internet. Ces accidents récurrents laissent les usagers dubitatifs sur les bienfaits tant vantés de la fibre optique, introduite au Cameroun en 2005. « Comment comprendre que la fibre optique censée améliorer la connexion Internet au Cameroun soit plutôt source de problèmes. C’est vraiment un paradoxe », s’exclame un utilisateur.

Equipements sensibles

Du coup, d’aucuns s’interrogent sur la qualité des installations et surtout de la sécurisation de ces équipements sensibles. Il faut par exemple savoir que l’épaisseur de la fibre optique est de 17mm, protégée par différentes couches de composants, le tout entouré d’une couche de cuivre (12kv) et de différentes couches de polyéthylène. Un cadre d’une compagnie de téléphonie mobile au Cameroun soutient que cet équipement est enfoui à certains endroits à moins de 35cm du sol, là où la norme veut qu’elle le soit à plus d’un mètre ! A l’agence Camtel d’Akwa à Douala, un agent reconnaît que « la manipulation de la fibre optique nécessite une technicité avérée, car il s’agit là d’une technologie de pointe. Malheureusement, ce ne sont pas toujours les meilleurs techniciens de Camtel qui sont envoyés sur le terrain de la pratique… ». A la Direction des opérations urbaines située à Bépanda, un autre cadre élude la préoccupation du reporter : « C’est Yaoundé qui peut mieux parler de fibre optique ».

En tout état de cause, les opérateurs économiques payent généralement un lourd tribut à ces tribulations. Les cybercafés des villes de Yaoundé et de ses environs n’ont pratiquement pas fonctionné depuis le 12 octobre ; les opérations dans les messageries financières étaient quasi impossibles ; même dans les entreprises de presse, les agences ont eu de la peine à envoyer leurs articles au niveau de la rédaction centrale. On imagine le manque à gagner d’une telle situation…

La bataille de la fibre optique

Cette énième déconnexion du Cameroun pose une fois de plus le problème du monopole de gestion de la fibre optique au Cameroun. Une certaine opinion se demande, au vu de la récurrence des incidents sur les installations si l’opérateur historique camerounais a les moyens financiers, techniques et même humains de gérer cet équipement au nom du gouvernement camerounais qui l’a héritée de la Cameroon oil transportation company (Cotco).

Déjà, au mois de juillet 2009, une rude bataille a opposé Camtel à l’opérateur de téléphonie Mtn au sujet du déploiement de la fibre optique. Il se trouve que l’opérateur de téléphonie mobile Mtn Cameroon avait entrepris des travaux de pose de la fibre optique dans la ville de Douala. Cette démarche se serait faite en violation de la réglementation en vigueur sur les télécommunications selon Camtel, et sans l’accord préalable de l’Agence de régulation du secteur des télécommunications (Art) et l’Etat du Cameroun. Mtn Cameroon n’avait cessé d’expliquer sa démarche par son désir d’améliorer la qualité de son réseau parfois en proie à des dysfonctionnements qui pénalisent les consommateurs. Le régulateur (l’Art) avait coupé la poire en deux. Aujourd’hui, c’est le consommateur qui trinque.

Source : lemessager.net

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